Incendie du Pignada à Chiberta

Jeudi 30 juillet 2020, 18h30. Du côté d’Orok Bat, à Anglet, les flammes prennent d’abord dans les « xaxis » (pour une raison qui reste à déterminer) puis, très rapidement, sous l’effet de la chaleur torride, de l’extrême sécheresse du sous-bois et d’un vent violent, le feu s’étend vers le nord de la forêt causant jusqu’à tard dans la nuit les dégâts que l’on sait sur l’espace, la faune et la flore, l’habitat, le patrimoine, l’histoire et, bien entendu, dans le coeur des gens, malgré le travail remarquable des pompiers et l’apport significatif de 2 Canadair.

Un bon tiers du Pignada a été touché, ainsi que tout le flanc sud-est et les bâtiments du parc d’Izadia.

Il y aura un avant et un après.

Avant, c’était la forêt du Pignada, poumon vert (expression galvaudée mais ô combien exacte) depuis 160 ans d’Anglet et, plus largement, du BAB.
Avant, c’était un monde de pins, de chênes et d’arbousiers, de fougères, de bruyères, d’oeillets de France, de ronces aussi.
Avant, c’était le territoire des chevreuils, sangliers, écureuils, bécasses, pics noirs et mésanges, et des chenilles processionnaires aussi.
Avant, c’était un entrelacs de chemins et de sentiers où se croisaient le paisible promeneur et son toutou, le cycliste du dimanche, quelques cavaliers, des coureurs à pied et des randonneurs de marche nordique ou en réathlétisation avant de reprendre la rando de montagne.
Avant, c’est au Pignada qu’on allait se mettre au vert, à deux pas de chez nous.

La perte est majeure. Même si cette forêt est née de la volonté et de la main de l’homme, la nature a mis des décennies et des décennies à se construire ici, à créer un écosystème cohérent où chacun a fini par trouver sa place dans un puzzle à l’équilibre précaire. Et il n’a suffi que de quelques instants à l’homme, par malveillance, par imprudence ou par incompétence pour mettre à bas cet édifice.

Et maintenant ?

Maintenant, il faut d’abord réaffirmer que la forêt doit renaître, dans son périmètre, sans céder une once de terrain aux promoteurs immobiliers.
Maintenant, il faut décider que la forêt doit retrouver sa vocation multi-usages en permettant à la faune, à la flore, aux promeneurs, aux coureurs, aux randonneurs, aux chasseurs, aux exploitants d’en jouir ensemble, dans le respect mutuel.
Après les nécessaires enquêtes et diagnostics post-incendie, il faut tirer les leçons de cette catastrophe écologique, en particulier :

  • cesser d’autoriser les constructions au ras de la forêt,
  • structurer la forêt pour alterner zones « sauvages » et zones « entretenues »,
  • réaffirmer les règles élémentaires de sécurité dans la forêt (pas de feu, par exemple), les afficher, contrôler leur respect et sanctionner si nécessaire,
  • adapter les usages aux conditions environnementales (par exemple, interdire l’accès à la forêt par sécheresse ou forte chaleur).

L’homme a ceci de paradoxal qu’il est capable du pire en détruisant d’une allumette 100 ha de forêt et du meilleur en sachant trouver les ressources pour reconstruire.

En tant qu’usager comme randonneurs de la forêt du Pignada, nous prendrons notre place dans cette démarche de reconstruction et, le temps aidant, nous retrouverons le plaisir de fouler ses sentiers ombragés sous le gazouillis des oiseaux.